Cap Pertusato –> Santa Giulia

jeudi 31 juillet 1997

La journée précédente avait été consacrée au voyage vers la Corse : train pour Marseille, bus pour l’aéroport de Marseille, puis bus depuis l’aéroport d’Ajaccio jusqu’au centre, et enfin long voyage en bus jusqu’à Porto-Vecchio. J’y trouve un terrain de camping particulièrement agréable -c’est inattendu dans un tel site touristique : le sol y est bien entretenu et pas trop dur ; bien que la végétation soit aussi brûlée que tout autour, l’ombre y est abondante.

 

M_000[1]

 

Le bus du matin me dépose au port de Bonifacio. De là je marche rapidement vers le départ de ma journée de marche : le cap Pertusato, le point le plus méridional de France métropolitaine. Bien que ce ne soit pas loin de Bonifacio -de l’ordre de 3 km- je fais du stop car je sais que ma journée sera très longue et qu’une demi-heure de différence peut compter. Je suis pris à moins d’un kilomètre de mon départ, c’est toujours ça de gagné.

Maintenant il faut marcher, le long de la côte d’abord avec une fabuleuse approche vers Bonifacio en haut de sa falaise. C’est une ville particulièrement agréable où je m’arrête assez longtemps, subjugué par l’atmosphère du café de Nice et sa troupe de gendarmes semblant sortis d’un film de Jean Girault. Puis c’est un labyrinthe d’escaliers jusqu’au port (très moche) ; y succède la traversée du petit causse calcaire de Bonifacio (en suivant des routes ou pistes, pas de GR tracé dans le coin) jusqu’à l’étang de Canettu, où je retrouverai la mer, cette fois sur la côte est de l’île.

 

987_1286453852[1]

 

De là je commence à marcher vers le nord en longeant plus ou moins la côte, avec des incursions dans le maquis. La plage de Balistra est belle et assez calme, celle de Rondinara très belle mais gâchée par la surfréquentation. À partir de là il semble impossible de continuer à suivre la côte ; je prends donc la route d’accès à la plage vers l’ouest puis suis un sentier indiqué sur la carte vers Porto Novo. Ce « sentier » est totalement envahi par les épineux et en un kilomètre je réussirai à définitivement détruire le pantalon que je porte. Et pourtant c’est un chemin repris sur la carte au 100000ème ; clairement il serait vain d’essayer de traverser le maquis hors sentier.

Je suis récompensé par la beauté de la plage de Porto Novo, où je suis seul ; j’en profite pour me baigner -ce n’est pas tard, environ six heures du soir- avant un nouveau bref segment côtier juqu’à Santa Giulia. Le sentier disparaît peu à peu, puis j’entre dans une forêt de petits arbres… Je ne suis plus qu’à un kilomètre du but, mais la forêt est de plus en plus dense, je ne peux plus rester debout et je continue à quatre pattes… je retrouve enfin la côte très stressé et perplexe : vaut-il mieux continuer dans cet enfer où faire demi-tour ? Un pêcheur de passage peut me donner quelques précieuses indications : oui il est possible de rejoindre Santa Giulia, mais il faut soigneusement se garder de pénétrer dans la forêt -il faut marcher sur les gros blocs rocheux qui longent le rivage. Je mettrai de là plus d’une heure et demie pour rejoindre Santa Giulia à la tombée de la nuit, et faire du stop vers le camping où m’attend ma tente.